11.03.2011 – Il giornale francese Le Monde descrive la Via Francigena Canavesana

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Italie : Le long de la Via Francigena, sur les traces des pèlerins
| 09.02.11 | 18h46 • Mis à jour le 10.02.11 | 12h47

“Tous les chemins mènent à Rome”, dit le proverbe. C’est précisément le but de la Via Francigena, la route des Francs ou des Français, qui au Moyen Age reliait le nord de l’Europe à la Cité éternelle. Les pèlerins l’empruntaient pour se rendre sur la tombe de saint Pierre.

Ayant peu à peu sombré dans l’oubli, cette route historique connaît un nouveau souffle depuis qu’elle a été désignée “grand itinéraire culturel du Conseil de l’Europe” en 2004. Une appellation dont l’objectif est de permettre aux Européens de redécouvrir leur patrimoine culturel commun, en entreprenant un voyage à la fois dans l’espace et dans l’histoire.

Relayé par les offices de tourisme et de nombreuses associations de bénévoles passionnés, ce retour aux sources européennes se développe à grand pas en Italie. C’est le cas notamment du tronçon traversant la région du Canavais (Canavesano en italien), dans le Piémont, entre Turin et le val d’Aoste.

Cinquante-cinq kilomètres de chemins de terre et de pierre, dont certains dallages remontent à l’époque romaine ou médiévale, serpentent au milieu d’une des régions les plus vertes d’Italie. L’itinéraire commence à Pont Saint-Martin, petite commune de la vallée d’Aoste dont le pont, bâti en 25 av. J.-C. pour permettre aux légions romaines de rejoindre la Gaule, marque la porte d’entrée en territoire piémontais ; il passe ensuite par une douzaine de communes médiévales et pittoresques dont la charmante ville d’Ivrée, et se termine à Cavaglià, en direction de Vercelli. Certes, ce tracé n’est qu’une infime partie de la Via Francigena, qui s’étend sur quelque 1 600 kilomètres.

“En 58 av. J.-C., Jules César ouvre une ‘Route de Rome’ qui devient rapidement l’épine dorsale du système routier de l’Europe occidentale. A la suite de la domination arabe de Jérusalem (en l’an 640), Rome devint la principale destination des pèlerinages chrétiens, et le resta jusqu’au début du culte de saint Jacques, à Compostelle (Galice) au Xe siècle. En Italie, le parcours du Haut Moyen Age suit des itinéraires lombards basés sur des voies romaines.

La voie fut appelée Iter Francorum à partir de 725, et pour la première fois Via Francigena en 876. Avec la proclamation des Années saintes, à partir de 1300 [par lesquelles le pape accordait l’indulgence plénière aux pécheurs qui entreprenaient le pèlerinage à Rome], le flux atteignit souvent des dizaines de milliers d’usagers dans l’année. Puis le pèlerinage à Rome le long de la Via Francigena tomba en désuétude autour du XVIIe siècle.

En 1985, Giovanni Caselli, spécialiste d’archéologie routière, reporta sur les cartes et sur le territoire l’itinéraire de l’archevêque Sigéric de Canterbury, venu à Rome en 990 pour recevoir le pallium du pape Jean XV”, relate Adelaide Trezzini, présidente de l’Association internationale de la Via Francigena (AIVF). Sur le chemin qui le ramenait en Grande-Bretagne, l’archevêque saxon tint un journal, où il nota soigneusement les 79 étapes de son voyage. Ce sont ces étapes qui forment la Via Francigena telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Néanmoins, celle-ci a connu de nombreuses variantes au fil des siècles. Plus qu’à une voie au tracé définitif, elle ressemblait à un réseau de routes et de chemins comprenant églises, monastères et autres lieux de dévotion où le pèlerin pouvait se recueillir, comme la Sacra di San Michele [lire encadré], dans la vallée de Suse, à quelques kilomètres de Turin.

Mais si le pèlerin moderne peut continuer à faire halte dans les nombreux édifices religieux croisés en chemin, c’est aussi et surtout grâce à la nature luxuriante qui l’entoure qu’il aura le sentiment de se rapprocher du divin et de l’infinie richesse de la création. Des paysages déclinant toute la gamme du vert, des lacs aux eaux paisibles, voilà ce qu’attend le marcheur le long des sentiers.

Celui-ci ne manquera sans doute pas de s’émerveiller devant l’imposante majesté de l’amphithéâtre morainique d’Ivrée. Cette formation géologique, un vaste arc de cercle qui s’étend sur une superficie de près de 530 km2, est apparue durant le pléistocène et résulte des phases successives d’expansion et de retrait du glacier de la Baltée, en provenance de la vallée d’Aoste, depuis les versants méridionaux du Mont-Blanc.

Cordons morainiques, blocs erratiques, tourbières, bassins lacustres… autant d’éléments géomorphologiques qui font de l’amphithéâtre morainique d’Ivrée l’un des sites d’origine glaciaire les plus remarquables et les mieux conservés de la planète. C’est encore là, dans les environs de Montalto Dora, que passe la “ligne insubrique”, la plus grande faille de la chaîne des Alpes.

Mais que les mordus des grands chemins et amateurs des plaisirs terrestres se rassurent, le tronçon du Canavais leur réserve de bonnes surprises. A Carema, le premier village après Pont Saint-Martin, ils tomberont nez à nez devant une armée de pilun : ces piliers de pierre à la forme caractéristique soutiennent les pergolas plantées de vignes en terrasse. La nuit, ils libèrent la chaleur emmagasinée de jour et permettent aux plants de mieux résister à la froidure des montagnes. C’est en effet sur ces terres en relief que l’on produit le carema, un vin rouge à la robe rubis et au goût velouté, bénéficiant d’une appellation d’origine contrôlée.

Quelques étapes plus loin, peu avant d’arriver à Borgofranco d’Ivrea, les amoureux de Bacchus ne manqueront pas d’apprécier les balmetti. Adossées à la montagne, ces caves naturelles, creusées à même la roche, ont la particularité d’offrir une humidité et une température constante. Des courants d’air, appelés ore, dus à un phénomène naturel à l’intérieur du massif du Mombarone, sont captés par un réseau de petites ouvertures et permettent de conserver vins, fromages et cochonnailles tout au long de l’année. Ces balmetti, qui existent depuis la moitié du XVIIIe siècle, se transmettent de génération en génération et font la fierté de leurs propriétaires.

Au fil du temps, ils sont devenus des lieux de convivialité où l’on se retrouve entre amis autour d’un verre et d’un casse-croûte. Pour preuve, la rue qui abrite la majorité d’entre eux porte le joli nom de “via del Buonumore”, la rue de la bonne humeur. Chaque année, le troisième dimanche de juin, une journée portes ouvertes donne lieu à une fête populaire, baptisée “Andoma ai Balmit” où chacun peut goûter aux joies de cette tradition locale fondée sur la cordialité et l’hospitalité.

La redécouverte de la Via Francigena n’aurait certes pas été possible sans les efforts d’associations comme celle de Mme Trezzini qui, bénévolement, balisent les sentiers, organisent des excursions, fournissent cartes et liste des hébergements, échangent des témoignages sur leur site Internet, etc. Et ça marche, puisque le nombre de pèlerins est en constante augmentation depuis 2001 : 1 850 randonneurs ont ainsi obtenu leur “testimonium”, un parchemin délivré par l’AIVF attestant qu’ils ont accompli le pèlerinage à Rome.

“Cela fait maintenant quinze ans que je m’occupe de faire revivre la Via Francigena. C’est mon pèlerinage à moi, en quelque sorte. Malheureusement, la route en France reste trop difficile, voire impossible à parcourir. En revanche, il y a le superbe chemin de la Leulène, dans le Pas-de-Calais, entre Guines et Wisques”, note la passionnée Mme Trezzini, toujours en quête de nouveaux parcours historiques à défricher et à découvrir.

Régine Cavallaro

Link : www.lemonde.fr/voyage/article/2011/02/09/le-long-de-la-via-francigena-sur-les-traces-des-pelerins_1473722_3546.html

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